Comprendre la mesure du temps
La mesure du temps
Je suis depuis longtemps fascinée par notre mesure du temps. En fait, au début, j'étais horrifiée, surtout. Car c'est à n'y rien comprendre. Je me souviens encore avec douleur de longues sessions de mémorisations des jours de la semaine (pourquoi il y a des semaines ? Pourquoi il y a 7 jours dans une semaine ? Pourquoi les jours ont des noms si compliqués ??), des mois (pourquoi il y en a 12 ? Pourquoi ils ont des nombres de jours différents ??)... J'avais du mal et je voyais bien que j'épuisais la patience de mes parents car je trouvais ça trop difficile à retenir. Bon ça a fini par rentrer. C'est devenu "normal", bien que déplaisant. Et puis d'abord pourquoi il y a 60 secondes dans une minute, 60 minutes dans une heure, et pas 60 heures dans une journée ? C'est pas logique ! Arrgh.
Aujourd'hui, c'est parce que c'est aussi compliqué que ça me passionne. J'ai appris que mesurer le temps c'est important depuis si longtemps qu'on se coltine des vestiges de systèmes établis il y a des milliers d'années ! C'est un joyeux chaos parce qu'on hérite de systèmes établis par les Babyloniens, les Égyptiens, les Romains (et bien d'autres encore) ! Et on a gardé un gloubi-boulga de tout ça. Bon si ça ne tenait qu'à moi, je ferai une belle grosse réforme simplificatrice, mais en attendant, on peut toujours admirer tous ces témoins historiques.
Je vais essayer de décortiquer un peu pourquoi notre calendrier et nos unités de temps sont comme elles sont aujourd'hui. Et ça va être un sacré voyage. Je vais pas aborder comment ça se passe ailleurs parce que ça serait trop long et que je n'ai pas l'omniscience (encore).
La plupart du temps, j'ai fait un résumé (et des copier-coller !) de Wikipédia ou de livres que j'ai (astronomie, histoire des maths...). J'ai surtout essayé de faire un chemin compréhensible et condensé, plutôt accessible j'espère. Mon but n'est pas d’assommer avec plein de notions d'astronomie ou de leçons d'histoire interminables. La mesure du temps est un vaste sujet mais j'ai essayé d'aller à l'essentiel pour expliquer de la manière la plus satisfaisante possible toutes les questions qui m'ont un jour taraudée.
C'est parti !
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La mesure du temps
- Une histoire de cycles astronomiques
- Des types de calendriers
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Le pourquoi du comment des subdivisions temporelles
- Pourquoi il y a 12 mois dans l'année ?
- Pourquoi les mois ont 30 ou 31 jours, sauf février qui a 28 jours ?
- Pourquoi parfois il y a 29 jours à février ?
- Pourquoi un jour dure 24 heures ?
- Pourquoi une heure dure 60 minutes et une minute dure 60 secondes ?
- Pourquoi après on compte en dixième, centième, millième de secondes ?
- Et les autres "paquets de temps" alors ?
- Une petite étude des commencements
- Définitions actuelles
- En conclusion
Une histoire de cycles astronomiques
Il est facile, surtout dans les zones tempérées, de constater qu'il y a des "cycles", des trucs récurrents.
La journée
Tout d'abord, il y a très clairement le "jour" d'un côté, et la "nuit" de l'autre. Durant le jour, il y a un énorme truc brillant dans le ciel qui bouge. Il se lève toujours du même côté et se couche toujours à l'opposé. Durant la nuit, le ciel est noir et constellé d'étoiles. 🏙️ 🌃
On sait aujourd'hui que ce cycle est dû à la rotation de la Terre sur elle-même. Les zones qui ne sont pas éclairées directement par le Soleil sont dans la "nuit".
Ce cycle est si clair que ça a toujours été la base de la mesure du temps. La base des "calendriers".
Après, pour définir la séparation entre deux jours, c'est arbitraire et ça a beaucoup changé selon les civilisations. Ça a pu être "midi", "minuit" (on parlera des heures plus tard), à partir du coucher ou du lever du soleil...
Étymologie du mot jour
Du moyen français jour, de l’ancien français jor, jorn, du latin diŭrnus, adjectif devenu substantif en bas latin de Gaule et d’Italie (en italien, giorno), remplaçant "dies". Dies et diurne viennent de l’indo-européen commun *dyew (« briller, soleil, jour, dieu »). Ça a aussi donné dieu et Zeus !
La lunaison
Il y a un autre astre bien visible qui bouge beaucoup aussi, c'est la Lune. Parfois on ne la voit pas, elle est "vide", parfois on ne lui voit qu'une moitié, parfois elle est "pleine", et puis parfois on voit l'autre moitié. En cycle. 🌑🌓🌕🌗
Le cycle lunaire (aussi appelé lunaison) offre un repère temporel plutôt stable et pratique quand il s'agit de compter plusse que seulement quelques jours.
Pour donner une idée, une lunaison se fait en moyenne en 29,530589 jours et correspond au temps que la Lune met pour faire un tour complet de la Terre. Les phases visibles sont dûes à la position de la Lune par rapport au Soleil.
Les saisons et l'année
Enfin, sur un temps plus long, on constate que le climat n'est pas le même. Parfois il fait froid, il neige même ! Parfois il fait chaud, il fleurit même ! Ça cycle aussi, tiens. 🍂 ❄️ 💐 🍉
Ce sont les saisons. Et les saisons, c'est très important à prévoir, surtout si l'on veut faire de l'agriculture et qu'on veut pas que nos champs meurent à cause du froid !
Le cycle des saisons, qu'on appelle "année" aujourd'hui, correspond au tour que fait la Terre autour du Soleil. En astronomie on peut définir plusieurs années différentes. Celle qui nous intéresse pour le calendrier est l'année dite "tropique".
S'il fait parfois plus chaud ou plus froid c'est que l'axe de rotation de la Terre sur elle-même est incliné par rapport au plan de rotation autour du Soleil. En gros en été on se prend les rayons du Soleil en pleine face... Tandis qu'en hiver on a des rayons plus rasants, dont l'énergie est plusse dispersée... Il fait moins chaud.
La précision du calcul d'une année était compliqué. Sur nos latitudes, il est relativement "simple" de constater le solstice (l'ombre d'un menhir est la plus grande au solstice d'hiver, et la plus petite au solstice d'été) et une année est la distance entre deux solstices (d'été, par exemple). Sous les tropiques, c'est plus compliqué. On peut aussi observer les constellations et leur emplacement !
Le mot "année" vient du latin annus, qui signifie aussi année. Ça a donné "anneau" aussi. Il y a sûrement une idée circulaire de cycle.
La combinaison de ces cycles...
Pour mesurer le temps qui passe, établir un "calendrier", on a voulu combiner ces 3 cycles (jours, lunaisons, années)... Le problème c'est que ces cycles sont complètement indépendants. La Terre qui tourne sur elle-même n'est pas reliée à la vitesse de rotation de la Lune autour de la Terre par exemple.
Ainsi, avec les définitions actuelles, une lunaison se fait en moyenne en 29,530589 jours, et une année solaire en 12,36827 lunaisons, soit 365,242201 jours...
Donc un calendrier basé sur le cycle des lunaisons sera jamais bien accordé avec les années, ou au contraire un calendrier basé sur une année ne sera jamais bien accordé avec les lunaisons.
Forcément, c'est super compliqué à prendre en compte. C'est à l'origine de beaucoup des trucs chelous qu'on se coltine encore aujourd'hui dans les calendriers.
Étymologie du mot calendrier
Le mot « calendrier » provient du latin calendarium (« livre de compte », « registre de dettes ») qui lui-même dérive de calendae (« calendes »), signifiant « qui sont appelés », du verbe calo, (« convoquer, assembler, appeler, proclamer »).
A première vue, on ne voit pas le rapport entre un registre de dettes et un calendrier actuel.
Le mois romain est divisé en trois périodes à l'intérieur desquelles on compte les jours jusqu'au début de la période suivante :
- les calendes qui commencent au début de la Nouvelle lune ;
- les nones qui débutent le cinquième ou septième jour du mois ;
- les ides qui démarrent le jour de la Pleine Lune soit le treizième ou le quinzième du mois.
Le jour des calendes, les pontifes (des responsables religieux romains... un jour aussi je parlerai du rapport entre temps et religion) annonçaient la date des fêtes mobiles du mois suivant et les débiteurs dont les échéances étaient indiquées dans les calendaria (« livres de comptes ») à la date concernée devaient payer leurs dettes.
Donc en fait, le rapport au temps il est là : "c'est l'heure de payer vos dettes maintenant !".
Cette notion de calendes en début de mois a été relié aujourd'hui à ce qu'on appelle notre calendrier, qui énonce les mois et les années.
Des types de calendriers
Il y a eu de nombreuses stratégies et de nombreuses bases aux calendriers. Aujourd'hui, nous utilisons un calendrier dit "solaire" ; mais certains artefacts d'autres types de calendriers sont toujours un peu utilisés alors je vais les présenter.
Calendrier lunaire
Le calendrier (strictement) lunaire est basé sur les lunaisons pour créer des "mois". Classiquement il y a un cycle de 12 mois lunaires qui formera une "année". Comme une lunaison dure en moyenne 29,530589 jours (arrondissons à 29,5 !), souvent il y a une alternance entre un mois de 29 jours et un mois de 30 jours.
Le hic, c'est que si on fait comme ça, ça fait une "année" de 354 jours. Il y a donc un décalage relativement rapide avec une vraie année tropique. Le début des saisons se décalera petit à petit dans le calendrier. Un "mois" n'est donc pas associé à une saison particulière.
Un exemple de calendrier lunaire encore utilisé pour déterminer des fêtes religieuses est le calendrier hégirien (musulman).
Il y a très longtemps, le calendrier romain (pré-Rome et débuts de Rome) était aussi lunaire.
Calendrier luni-solaire
Les calendriers luni-solaires, comme les lunaires, définissent leurs mois pour suivre les lunaisons. Mais en plusse ils essayent de rester synchronisés avec l'année "solaire", de diverses façons. Le plus commun étant de rajouter un 13e mois entier tous les deux ou trois ans environ, de sorte à combler le décalage qui se créé chaque année tout en respectant les mois définis par les cycles de la Lune.
Il existe de nombreux calendriers luni-solaires, comme le calendrier chinois ou hébreu par exemple.
Le calendrier romain a aussi été luni-solaire a un moment.
Calendrier solaire
Dans les calendriers solaires, on ne cherche plus à respecter les lunaisons. Un mois aura une durée arbitraire sans chercher à se synchroniser avec les phases de la Lune. Le but est d'avoir au plus proche de 365,242201 jours (la durée moyenne d'une année tropique) dans l'année. C'est le mieux pour respecter les saisons et donc le mieux pour l'agriculture notamment.
Dans la pratique, c'est l'observation du ciel qui a permis de définir l'année. Un an, c'est le nombre de jours qu'il faut pour constater que le ciel (les étoiles, les constellations) était à nouveau similaire, au moment du coucher du soleil (par exemple). Car au moment du coucher (ou du lever..) les étoiles ont une position légèrement différente chaque jour qui passe, du fait que la Terre se déplace autour du Soleil.
Un exemple de calendrier solaire est le calendrier égyptien, avec 12 mois de 30 jours (ce qui totalise 360 jours) et 5 jours dits "épagomènes" (rajoutés à la fin de l'année). Dans le calendrier aztèque, on est sur 18 mois de 20 jours et aussi 5 jours épagomènes. Ça fait dans les deux cas 365 jours dans une année.
Notre calendrier grégorien est un calendrier solaire. Pour se rapprocher encore plusse de 365,242201 jours dans l'année, on a des années bissextiles. On verra ça bientôt.
Le calendrier romain a également été solaire a un autre moment ! Il a tout fait. Je parle beaucoup du calendrier romain car justement le calendrier grégorien que l'on utilise aujourd'hui en est l'héritier.
Le pourquoi du comment des subdivisions temporelles
Avec ces bases, on a l'idée d'années, de mois et de jours. On va voir comment dans notre calendrier on subdivise l'année en mois et en jours, et les mois en jours. Ensuite on verra comment subdiviser les jours en heures, minutes et secondes aussi ! C'est le fruit d'une longue histoire.
Pourquoi il y a 12 mois dans l'année ?
Dès l'époque mésopotamienne, vers -2000, avec l'utilisation de calendriers lunaires, on avait noté que 12 lunaisons correspondaient à peu près à une année "solaire" (au cycle des saisons). Au final, c'est de là que le fait d'utiliser 12 mois vient. Ce chiffre de 12 mois est resté, y compris dans certains calendriers solaires, non basés sur la Lune.
Par exemple, j'ai déjà mentionné que notre calendrier dit grégorien vient du calendrier romain, qui a été lunaire, puis luni-solaire, puis solaire (j'en parle plusse après)... Lorsqu'il était luni-solaire, il y avait 12 mois (13 si on rajoutait un mois pour combler les décalages). Au passage à une version solaire les mêmes mois ont été conservés (avec des durées différentes). Ainsi on a aujourd'hui les mêmes 12 mois que le calendrier luni-solaire romain (vers -700).
C'est donc plus ou moins par hasard qu'il y a 12 mois, ça dépend des périodes de révolution de la Lune autour de la Terre, et de la Terre autour du Soleil. En une année solaire il y a en moyenne 12,36827 lunaisons... arrondi à l'entier inférieur, on retrouve bien 12 !
Étymologie du mot "mois"
Alors là c'est passionnant ! Du latin mensis, qui signifie aussi le mois. Bon jusque là peu de surprise... mais si on remonte aux racines indo-européennes, on a *mḗh₁n̥s., qui est une racine donnant à la fois la Lune et le mois (en anglais on retrouve "month" et "moon") mais aussi le mot "mesure" du système de mesure (et le mètre) !!
Pourquoi les mois ont 30 ou 31 jours, sauf février qui a 28 jours ?
Là on attaque un gros morceau d'histoire romaine. On va y aller doucement. Mais spoiler, j'ai bien peur que personne ne puisse répondre en profondeur à cette question.
Alors d'abord je vais donner une réponse simple.
Une réponse simple c'est qu'une fois qu'on s'est fixé 12 mois, un calendrier solaire cherchera à avoir des mois de (365,242201 / 12) jours en moyenne, soit 30,43 jours. En moyenne. Comme on cherche aussi à définir un mois par un nombre entier de jours, c'est normal d'avoir des mois de parfois 30 jours et parfois 31 jours.
Mais seulement voilà: il y a février qui n'a que 28 jours (ou 29 les années bissextiles, on y reviendra) donc on sent qu'il y a autre chose qui s'est passé. Il y a comme un déséquilibre avec des mois de 31 jours en trop pour finir avec un mois de 28 jours, c'est pas normal.
On peut remonter jusqu'au calendrier étrusque (peuple d'Italie, avant l'empire Romain), mais malheureusement on a très peu d'informations dessus. Remonter plus loin semble illusoire. Aussi il était franchement bizarre. Les sources ne concordent même pas exactement.
Pour résumer : il y avait 10 mois dans ce calendrier (et non 12) et une année faisait 295 ou 304 jours selon les sources. Les mois duraient 29 ou 30 jours selon les uns, ou 30 ou 31 selon les autres.
Bon, on note qu'on y trouve déjà des mois de 30 ou 31 jours, c'est intéressant ! Aussi, dans ce calendrier le premier mois est celui de mars, et on va jusqu'à décembre. On retrouve étymologiquement pour septembre le 7e mois, octobre le 8e mois, novembre le 9e mois et décembre le 10e mois. Et oui, ça vient de là !
Voici une répartition, des jours selon ce calendrier (et selon une des sources...)
- I - Martius (mars) : 31 jour.
- II - Aprilis (avril) : 30 jours.
- III - Maius (mai) : 31 jours.
- IV - Iunius (juin) : 30 jour.
- V - Quintilis (juillet) : 31 jour.
- VI - Sextilis (août) : 30 jour.
- VII - September (septembre) : 30 jour.
- VIII - October (octobre) : 31 jour.
- IX - November (novembre) : 30 jour.
- X - December (décembre) : 30 jour.
On peut remarquer plusieurs choses. - Les mois de 31 jours du calendrier étrusque correspondent encore à des mois de 31 jours dans notre calendrier actuel. Ça vient de là ! - Mais certains mois de 31 jours aujourd'hui n'avaient que 30 jours, et puis... en tout ça ne fait que 304 jours !
On ne sait pas trop ce qu'il se passait par rapport à l'année "solaire". Dans certaines civilisations qui fonctionnaient à 10 mois de manière similaire, "janvier" et "février" étaient juste trop froids pour faire quoique ce soit et n'étaient pas vraiment comptés, semble-t-il. En Italie c'était pas forcément le cas mais il y a peut-être eu une influence ?
Mais bon, on voit que c'est pas pratique ! Donc il y a eu un nouveau calendrier sous le règne de Numa Pompilius (715-673 av. J.-C.), deuxième roi de Rome (et oui il y a eu des rois avant d'avoir des empereurs !). Il part du calendrier bizarre des étrusques pour en faire un calendrier lunisolaire, en rajoutant deux mois à la fin de l'année : Janvier et Février.
Voici ce que ça donnait en terme de répartition des jours:
- I - Martius (mars) : 31 jours,
- II - Aprilis (avril) : 29 jours,
- III - Maius (mai) : 31 jours,
- IV - Iunius (juin) : 29 jours,
- V - Quintilis (juillet) : 31 jours,
- VI - Sextilis (août) : 29 jours,
- VII - September (septembre) : 29 jours,
- VIII - October (octobre) : 31 jours,
- IX - November (novembre) : 29 jours,
- X - December (décembre) : 29 jours,
- XI - Ianuarius (janvier) : 29 jours,
- XII - Februarius (février) : 28 jours.
Les mois de 31 jours avant ont encore 31 jours, on voit aussi que février a 28 jours, tiens tiens ! Ça vient de là donc... Mais pourquoi ? Et d'ailleurs pourquoi les mois qui avant avaient 30 jours en ont maintenant plus que 29 ?
Une raison avancée est que pour les romains, les nombres pairs portaient malheur. Ainsi les mois ont tous un nombre impair de jours : 29 ou 31 ; sauf février et ce serait car c'est le mois des morts.
L'année de base fait désormais 355 jours, c'est un peu mieux par rapport au cycle solaire. Comme pour un calendrier luni-solaire classique il suffit d'ajouter un mois intercalaire tous les deux ou trois ans. Ce mois sera appelé Mensis intercalaris puis Mercedonius. Si ce mois intercalaire n'est pas rajouté régulièrement on décalerait les mois par rapport aux saisons.
Mais encore faut-il bien penser à rajouter quand il le faut ce mois intercalaire. Il se trouve que ce n'était pas bien fait par les pontifes (responsables religieux) qui en avaient la charge, notamment pour des raisons politiques. Il était de bon ton de rallonger l'année quand les politiciens (élus pour un an) leurs plaisaient. Et à l'inverse de l'oublier quand on aimait pas les politiciens actuels. Et donc un décalage par rapport aux saisons se créait.
Ainsi en -46, alors que Jules César était justement pontife, il décida de faire une nouvelle réforme du calendrier pour en faire un calendrier solaire. Le calendrier romain est alors dit "julien".
Premièrement, il a fallu faire une année de 445 jours, juste pour rattraper les décalages. Mais bon, ça c'était exceptionnel. Ensuite, sur l'année de base de 355 jours du calendrier précédent, il a fallut rajouter 10 jours pour obtenir une année de 365 jours.
2 jours ont été ajoutés en janvier, août et décembre (29 -> 31) et un jour à avril, juin, septembre, novembre (29 -> 30).
Pourquoi les jours ont été rajoutés de cette manière exactement, je ne le sais pas malheureusement. En tout cas on constate que depuis lors on a exactement les mêmes mois et les mêmes nombres de jours !
Étymologie du nom des mois
- Janvier, du latin Ianuarius, en l'honneur du dieu Janus.
- Février, du latin Februarius. Le nom vient du verbe Februare « purifier en faisant des expiations », d'où les fêtes de Februalia, personnifiées par la divinité mineure Februus.
- Mars, du latin Martius, nommé ainsi en l'honneur du dieu romain Mars.
- Avril, du latin Aprilis, en l'honneur de la déesse grecque Aphrodite.
- Mai, du latin Maius, en l'honneur de Maia, une très ancienne déesse romaine, souvent désignée comme la compagne de Vulcain.
- Juin, du latin Iunius, en l'honneur de la déesse romaine Junon.
- Juillet, altération de l’ancien français juignet (« petit juin, juillet »), diminutif de juin avec le suffixe -et, influencé par le latin Julius mensis « mois de Jules César ».
- Août, du latin Augustus, référence à l'empereur éponyme.
- Septembre, du latin September, le septième mois, sept-.
- Octobre, du latin October, le huitième mois, octo-.
- Novembre, du latin November, le neuvième mois, nov-.
- Décembre, du latin December. le dixième mois, dec-.
Pourquoi parfois il y a 29 jours à février ?
Le calendrier julien, avec ses 365 jours étaient bien plus proche de l'année "tropique" de 365,242201 jours. Il n'y avait plus besoin de rajouter un mois intercalaire régulièrement. Mais il reste encore un écart de 0,242201 jours par an !
Ainsi dans la même réforme du calendrier julien, il a été décidé d'ajouter un jour tous les 4 ans et ce jour a été ajouté cette fois à février, qui a donc tous les 4 ans 29 jours dans le calendrier julien (c'était plutôt un jour qui était doublé, à l'époque, qu'un jour rajouté comme nous aujourd'hui). Pourquoi février ? Probablement car c'était le seul à ne pas avoir 30 ou 31 jours encore ?
En faisant ça, on obtient une durée moyenne de l'année à 365,25 jours. Pas mal !
Bon il reste encore 0,007799 jours de décalage par an (12 minutes par an). Ça parait peu. Mais ça décale quand même d'un peu plus de 3 jours en 4 siècles. Pour le calendrier grégorien il a donc été décidé d'améliorer encore un peu la durée moyenne d'une année.
Comme en moyenne dans le calendrier julien une année est un tout petit peu trop longue, on a décidé de retirer de temps en temps des années bissextiles, afin de pousser la moyenne vers le bas tout en gardant un nombre entier de jours dans l'année. Voici la règle : on ajoute tous les quatre ans (années divisibles par 4) un jour intercalaire, le 29 février toujours... à l'exception des années séculaires (divisibles par 100), qui ne sont bissextiles que si elles sont divisibles par 400.
Par exemple, les années 1600 et 2000 ont été bissextiles, alors que les années 1700, 1800 et 1900 non.
Ainsi, le calendrier grégorien donne une durée moyenne de l'année de 365,242 5 jours ; soit seulement 0,000299 jours de décalage par an en moyenne... Pas parfait (ça ne le sera jamais) mais encore mieux ! On a toujours un décalage, de quelques secondes par an, et d'environ 3 jours en 10 000 ans. On ne s'embête pas à faire mieux car on a trop d'incertitudes sur la durée d'une année tropique. En effet, à cause de l'influence complexe de la Lune et du Soleil, mais aussi des autres planètes, la durée d'un jour et d'une année tropique changent, petit à petit. Par exemple, les marées causées par la Lune (qui tourne moins vite que la Terre) ralentissent par frottement la Terre. Un jour la Terre tournera exactement à la même vitesse que la Lune autour d'elle. Dans longtemps. Pour le moment l'allongement du jour est de 2 secondes tous les 100 000 ans environ. L'année tropique est donc aussi influencée par ça, et par les astres qui font osciller l'axe de rotation de la Terre et plein d'autres effets complexes. Tout ça pour dire : faire des corrections hâtives n'apporterait pas grand chose.
Étymologie du mot "bissextile"
Du latin bisextilis (« deux fois six »). Dans le calendrier julien, la correction à apporter entre la révolution de la Terre autour du Soleil et la rotation de la Terre sur elle-même était réalisée en ajoutant un jour en février, ou plutôt en "doublant" un jour. Spécifiquement le jour doublé était le 23 février. À l'époque parfois on comptait les jours à rebours avant mars. Ainsi le 23 février était "Mars moins 6". La dénomination à rebours des jours produisait alors deux fois « le sixième jour avant les calendes de mars » (bi-ante diem VI (bissextum) Kalendas Martias). D'où bissextile.
Pourquoi un jour dure 24 heures ?
Et oui, on a toujours pas parlé des heures. Un sacré sujet.
C'est une histoire d'astronomie, et cela vient des égyptiens (environ en -2100). Il y avait nécessité de découper "précisément" une journée en 2 : le jour et la nuit. Pour décider de la fin de la nuit la stratégie était d'observer vers l'Est les étoiles qui apparaissent à l'horizon, grâce à la rotation de la Terre. Suivant un cycle annuel, une des étoiles du ciel va apparaître à l'horizon pour juste après "disparaître" à cause du soleil qui se lève.
La brève apparition-disparition de cette étoile de référence va noter la fin de la nuit. Au fur et à mesure que les jours passent, dû au mouvement propre du soleil par rapport aux autre étoiles, cette étoile sera de moins en moins la dernière à apparaître et du coup ça ne fait plus sens de la choisir pour noter la fin de la nuit. Mais c'est pas grave, on peut en choisir une autre après, et annuellement on aura un cycle de ses étoiles.
En théorie, on pourrait changer cette étoile tous les jours ou quasiment... Mais bon pour des raisons pratiques, les égyptiens ont décidé de ne changer d'étoiles que tous les 10 jours. C'est pratique, 10, on connaît, c'est comme les doigts de la main, et ça divise parfaitement en 3 leurs 12 mois de 30 jours. Et voilà donc la naissance des décans : une période de 10 jours. Il y a 36 décans dans l'année (~360 jours) et 36 étoiles de références de la fin de la nuit. C'est les mêmes 36 étoiles chaque année, qui forment un cycle.
Et quand on change de décan, une nouvelle étoile est prise comme référence donc, mais ça veut dire qu'on voit l'étoile précédente qui s'est déjà levée depuis un moment maintenant, elle est plus haute dans le ciel. Et l'étoile encore précédente un peu plus haute, etc...Chaque nuit on voit se lever plusieurs de ces étoiles spécifiques, jusqu'à celle qui délimite la fin de nuit.
Une étoile de référence particulièrement importante est Sirius. Elle arrive en été, et était synonyme pour les égyptiens d'une crue du Nil imminente, indispensable à l'agriculture. Sirius est une étoile double particulièrement brillante, et à l'époque où fut créé le calendrier égyptien, Sirius B était une géante rouge. La réapparition de l'étoile, après avoir été masquée 70 jours par la lumière du Soleil constituait un spectacle visible à l'œil nu et un repère notable marquant le retour de la saison de la crue.
Et il se trouve que lors de cette nuit spécifique d'apparition de l'étoile de référence Sirius, on voit d'abord défiler dans le ciel en tout 11 autres étoiles de décans : c'est ce qui a donné la division de la nuit en 12 heures. Outre l'importance de la crue du Nil à venir et la luminosité de Sirius et qui a favorisé cette nuit spécifique, le chiffre 12 était sûrement plaisant et a aussi joué en la faveur. On avait déjà 12 mois dans une année, pourquoi pas découper les nuits en 12 aussi. Et puis il y avait aussi couramment le système duodécimal utilisé (la base 12). En ignorant le pouce d'une main, il y a 12 phalanges sur nos doigts et il était courant de compter dessus. On peut marquer les douzaines avec son autre main avec les doigts, ainsi on peut aller jusqu'à 5 * 12 = 60, une autre base très utilisée alors car elle a beaucoup de diviseurs : 1, 2, 3, 5, 6, 10, 12, 20, 30, 60. Bref, 12 ça sonne bien.
Les autres nuits, par exemple en hiver, montrent plusse de ces étoiles, mais on découpera quand même la nuit en 12 heures. Cela veut dire que pour les égyptiens les heures étaient plus longues en hiver qu'en été ! (mind = blown)
Aujourd'hui on a conservé ce découpage des journées de 2 fois 12 heures, même si elles sont désormais "fixes". Une heure sera alors 1/24ème de jour tout simplement.
Étymologie du mot "heure"
Du moyen français heure, de l’ancien français eure, ure, primitivement ore, issu du latin hōra, emprunt au grec ancien ὥρα, hôra (« division du temps »), qui remonte à l’indo-européen commun *yēr (« an ») qui l’apparente au latin hornus (« de l’année »).
Pourquoi une heure dure 60 minutes et une minute dure 60 secondes ?
Ça nous vient de l'utilisation de la base 60 dont je parlais quelques paragraphes plus haut. Elle était utilisée pour représenter les nombres, notamment chez les mésopotamiens vers -2000. Diviser en 60 parties était alors plus naturel.
On retrouve aussi la base 60 dans nos 360° qui forment un cercle (6 * 60°). On parle d'ailleurs également de minute d'arc (1/60e de degré) et de seconde d'arc (1/60e de minute d'arc).
Le mot "minute" vient du latin minutus, participe passé adjectivé de minuo (« réduire en menus morceaux, casser, piller, écraser »). Référence à la division de l'heure. On peur remonter à l’indo-européen commun *mei(n) (« amoindrir ») qui donne aussi, en latin, mica (« miette, parcelle »).
Le mot "seconde" vient du latin secunda (« seconde »), féminin de secundus (« qui suit, qui vient ensuite, second »). Car c'est la deuxième division de l'heure.
Pourquoi après on compte en dixième, centième, millième de secondes ?
Le besoin pour une telle précision est récent. Aujourd'hui on utilise la base 10 et donc on divise en 10 la seconde, etc.
Et les autres "paquets de temps" alors ?
On a vu comment subdiviser les unités de temps courantes. Mais parfois aussi on en fait des paquets.
Pourquoi une semaine dure 7 jours ?
Contrairement aux jours, mois années, la semaine n'a pas une origine astronomique. La semaine est une invention humaine pour organiser la vie quotidienne, définir les jours de marché, etc... C'est une durée ni trop longue ni trop courte pour réaliser des évènements récurrents. 7 jours c'est pas mal pour ça ! Mais elle n'a pas toujours duré 7 jours (enfin elle portait alors un autre nom).
Mais donc, pourquoi aujourd'hui une semaine dure 7 jours ? Si les mois et nombre de jours que l'on a viennent du calendrier julien à la base, ce n'est pas le cas pour la semaine. Les romains de l'époque fonctionnaient plutôt avec des nundines (des "semaines" de 8 jours et non 7). C'est au 4e siècle que la semaine de 7 jours a été adoptée dans ce calendrier et c'est aussi pour ça que nous avons une semaine de 7 jours.
La semaine de 7 jours est d'origine juive et fait référence à la Genèse de la Torah : le monde aurait été créé par Dieu en 6 jours, puis le 7e il s'est reposé. Le 7e et dernier jour de la "semaine" est le Shabbat. Les chrétiens ont hérité de cette organisation en semaine et elle fut de plus en plus utilisée dans l'empire Romain jusqu'à son officialisation par l'empereur Constantine vers 321 (avec le dimanche en jour de repos).
Mais peut-être que ça vient de plus loin encore ? Une autre théorie mentionne une influence babylonienne à ce rythme. Les deux théories n'étant pas forcément irréconciliables, je n'ai pas réussi à trouver les influences mythologiques qui ont mené au récit de la Genèse du monde en 7 jours.
Bien qu'ils n'avaient pas forcément ce concept de semaine à proprement parlé, de ce que l'on sait, les babyloniens avaient des "superstitions". Ils considéraient certains jours comme "fastes" et d'autres comme "néfastes". Dans les jours fastes, on pouvait conclure des contrats par exemple. Dans les jours néfastes... il était plus sûr d'éviter certaines activités... De se reposer, en somme.
Décider de quel jour est faste ou néfaste n'est pas simple, mais en tout cas, il semble que dans le mois les multiples de 7 jours étaient toujours néfastes. 7 était déjà, et comme toujours aujourd'hui un nombre "symboliquement important" dans la numérologie. Et il faut noter que 7 jours, c'est le nombre entier le plus proche d'un quart de lunaison. 🌑🌓🌕🌗 Une influence de la Lune n'est pas à négliger, il y avait tous les 7 jours des rituels liés à la Lune. Aussi il y a eu très tôt une association avec les 7 astres du ciel qui ont un mouvement relatif entre eux. Là où les constellations paraissent fixes, le Soleil, la Lune, et des "étoiles" observables, en fait des planètes du système solaire, bougent entre elles (Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, Saturne). Bref 7 est un nombre important chez les babyloniens.
Et donc la théorie alternative est que c'est ce cycle de 7 jours dont un où il ne faut pas faire certaines choses qui a influencé les religions du proche-orient donc la religion juive, à partir de laquelle on est sur une organisation de la société en semaine de 7 jours, se finissant par le Shabbat.
Le mot "semaine" vient du latin septimanus, « relatif au nombre sept » (lui-même dérivé de septimus « septième »).
Le nom des jours de la semaine
7 jours de la semaine ; 7 astres observables dans le ciel qui avaient de vrais mouvements relatifs entre eux (alors que les étoiles au loin semblent fixées en constellations). Ces astres sont le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne et ont été vite associés a des divinités dans toutes les religions locales. Aujourd'hui encore, les planètes portent le nom de divinités romaines.
Le rapprochement 7 jours <-> 7 astres errants a été souvent fait et au final on a donné à chaque jour de la semaine son astre : - Lundi pour la Lune, - Mardi pour Mars, - Mercredi pour Mercure, - Jeudi pour Jupiter, - Vendredi pour Vénus.
(Note : les noms suivants ne font plus référence directe aux astres) - Samedi pour Saturne, - Dimanche pour Soleil.
Il reste donc à expliquer samedi et dimanche.
Les communautés juives ont appelés samedi en référence au shabbat et c'est resté jusqu'à nous : sabbati dies (« jour de shabbat »).
A noter qu'en anglais, le système romain a été intégré, mais en utilisant des dieux "scandinaves", sauf avec Saturne (saturday).
Puis les chefs chrétiens sont arrivés, et étaient énervés qu'on nomme des jours en fonction de divinités païennes alors ils ont essayé plusieurs fois de remplacer les noms.
Le premier système proposé gardait le samedi d'origine juive, mais imposait le dimanche comme "jour du seigneur" (dies Dominicus en latin). C'est de là que vient le mot dimanche.
Le reste des jours était numéroté de 1 à 5. Ça n'a pas pris (sauf au Portugal).
Dans un autre système proposé plus tard, on a tenté de mimer le nom des jours existants mais avec des références chrétiennes : - luminis dies, « jour de la lumière » pour le lundi. - martyrium dies, « jour des martyrs » pour le mardi. - merae ecclesiae dies, « jour de l'Église immaculée » pour le mercredi. - Jesus dies, « jour du saint sacrement » pour le jeudi. - veneranda dies, « jour de la passion » pour le vendredi.
Bon ben ça n'a toujours pas pris. Il n'y a que le Dimanche jour du seigneur qui est resté.
Pourquoi une décennie dure 10 ans ?
Sûrement l'influence de la base 10 et des 10 doigts de la main ! Du latin decennium. Ça veut dire "10 ans". Parce que ça dure 10 ans.
Pourquoi un siècle dure 100 ans ?
Du latin saecŭlum. Le radical de ce mot, explique le Dictionnaire étymologique latin, est le même que semen et sero (« semer »), il y a eu une extension progressive du sens de « saison (où semer) » à « génération », puis « siècle ». Les anciens n’étaient pas d’accord sur la durée du siècle. Les uns la fixaient à 30 ans, d’autres à 100, certains à 1000 ans. Selon les Étrusques, le siècle se calcule d’après le nombre d'années qu’atteignait l’homme le plus âgé parmi tous ceux qui étaient nés un certain jour, et la traduction moderne serait « espérance de vie maximale d’une génération ».
On s'est fixé à 100 ans, probablement sous l'influence du système décimal. Un siècle = 10 décennies.
Pourquoi un millénaire dure 1000 ans ?
Sûrement l'influence de la base 10 et des 10 doigts de la main encore ! Un millénaire = 10 siècles. Du latin millenarius (« qui comprend mille »). Du fait qu'un millénaire dure 1000 ans.
Pourquoi un lustre c'est 5 ans ?
Bon, ça fait des lustres qu'on utilise plus le lustre. Mais en bonus : Dans la Rome antique, le lustre (lustrum) est le nom de la cérémonie de purification précédant les recensements qui avaient lieu tous les 5 ans, lors de l'élection des censeurs.
Une petite étude des commencements
Parfois quand on a des cycles, on sait pas par où commencer.
Pourquoi la semaine commence un lundi
C'est depuis l'officialisation de la semaine et du dimanche de repos dans le calendrier julien en 321 par l'empereur Constantine. Ça fait écho à la genèse du monde selon la Bible : d'abord 6 jours puis enfin un jour de repos (le dimanche).
Si dimanche est le dernier jour, alors lundi est le premier.
Pourquoi le premier mois est janvier ?
Dans le calendrier romain, pré-julien et avant même, le début de l'année était plutôt le 1er Mars. C'est en -153 (avant la réforme de Jules César donc !) que la date aurait été déplacée le 1er janvier. Il semblerait que ça soit dû à une rébellion en Espagne en -154. Le consul pour l'année suivante (qui commence en Mars normalement) avait déjà été nommé mais il fallait agir vite pour mâter la rébellion. Il fut décidé de déplacer le début de l'année le 1er janvier pour que le consul prenne ses fonctions plus tôt et puisse gérer ses légions au plus vite.
C'est raconté par Tite-Live dans son livre "L'Histoire de Rome depuis sa fondation", commencé en -31.
Pourquoi le calendrier a commencé en l'an 1 ?
Et pourquoi cet an 1 là ? Les astronomes ont une année "zéro". Celle avant l'an 1. C'est plus pratique pour calculer des écarts entre les dates. Mais la plupart des calendriers, dont les origines remontent à bien avant l'invention du 0, commencent à l'an 1, et l'année d'avant, c'est -1 déjà !
C'est vers 525 ou 533 que "notre" an 1 a été fixé comme an 1. Pourquoi ? Parce que c'était déjà compliqué tous les calendriers à l'époque et on s'emmêlait les pinceaux, notamment pour déterminer quand Pâques se déroulait chaque année (ce qui est déterminé via les cycles lunaires, ce qui se marie fort mal avec les calendriers solaires). Il y avait même des querelles d'Églises pour déterminer la date exacte.
Un chancelier Papal a donc demandé à un moine chrétien, Denys le Petit, de déterminer les prochaines dates de Pâques pour mettre d'accord tout le monde, en prenant pour point de départ la règle dite Alexandrine, qui notait déjà des dates pour Pâques mais selon l'ère de Dioclétien, qui prend comme année de référence le début du règne de l'empereur Dioclétien. Hors, cet empereur a martyrisé des chrétiens, donc Denys le Petit s'est dit qu'il allait plutôt prendre pour référence la date de naissance supposée du Christ.
Bon, c'est pas simple, faut trouver des sources qui se mettent d'accord sur sa date de naissance (elles ne se mettent pas d'accord), et puis il a aussi fallu bricoler des trucs pour que ça soit plus simple de déterminer les dates de Pâques et... bon, bref, évidemment faut pas prendre cette date comme quelque chose d'historique. En gros il a trouvé une date de référence et a dit que le Christ était né le 25 décembre (c'est symbolique, avant on considérait plutôt que c'était en mars si j'ai bien compris) de l'an -1 (avec la nouvelle référence) et que le 1er janvier (depuis longtemps début de l'année, on allait pas changer ça) était la date de circoncision du Christ et marquait le début de l'Ère Chrétienne, le début de l'an 1.
Dans les faits, cette référence n'a pas été utilisée tout de suite et il a fallu attendre le 8e siècle pour voir son usage se démocratiser en France.
Définitions actuelles
On connaît l'origine de nos unités de temps, mais aujourd'hui elles sont définies autrement. Parce que les anciennes "définitions" ne sont pas bien claires. L'unité de base étant globalement la journée, la durée que prend la Terre pour faire une rotation complète. Et ça, c'est pas une donnée fixe. La Terre ralentit, à cause des marées notamment. Même si très lentement. Donc si on veut un peu de précision pour faire des trucs scientifiques, c'est pas top.
Donc on a décidé de prendre une nouvelle base. Avant la seconde était définie à partir du jour (via l'heure et la minute), maintenant c'est une unité de base du système international, et c'est le reste qui découle de la définition de la seconde.
Aujourd'hui, une seconde c'est la durée d'un certain nombre d'oscillations (9 192 631 770 exactement) liées à la fréquence de transition hyperfine de l'atome de césium.
On est bien avancé. Pour faire simple, on a trouvé dans la nature un phénomène très, très stable. Un truc qui vibre à une fréquence qui est vraiment précise. Et on a fait coller la définition d'une seconde (celle qui existait avant) à la nouvelle.
On dispose aujourd’hui d’une exactitude allant jusqu’à la 14e décimale sur la durée d'une seconde. C'est le plus précis qu'on a. Cool, non ?
Un jour je vous parlerai peut-être de pourquoi on a cherché à obtenir de plus en plus de précision sur le temps... C'est surtout pour la navigation ! D'abord pour se positionner précisément dans les océans, maintenant pour les systèmes GPS.
En conclusion
On a fait un long voyage, mais on comprend désormais pourquoi le calendrier est organisé comme il l'est. On comprend comment on mesure le temps, d'où ça vient. Pourquoi tout est si compliqué. C'est cool, non ?